Embrun
Cathédrale Notre-Dame du Réal
Embrun, ville des Alpes du sud, est le siège d’un évêché fondé par Saint Marcellin, au IVe siècle. A partir du IXe siècle, elle devient le siège d’un archevêché dont les suffragants sont les évêchés de Digne, Senez,Glandèves, Vence, Nice, et Antibes, et ce jusqu’à la Révolution Française.La cathédrale Notre-Dame du Réal, construite de 1170 à 1225, trône au coeur du quartier archiépiscopal. Son clocher et la Tour Brune sont les symboles des pouvoirs de l’archevêque : son pouvoir religieux ettemporel. Ils sont également l’emblème de la cité embrunaise.L’architecture de la cathédrale témoigne du savoir-faire des maître-maçons, sculpteurs et artisteslombards. La dichromie, les arcatures lombardes rythmant les façades, le clocher et le porche aux lionssont les empreintes de leur labeur. Ce porche aux lions a accueilli, du XIVe à la fin du XVIe siècle, un pèlerinage dédié à la Vierge du Réal. Letympan du portail nord, était peint. Cette peinture représentait la scène de l’Adoration des Mages, àlaquelle de nombreux miracles ont été attribués.La façade occidentale est percée d’une grande rosace commanditée en 1423, par Michel de Perellos,archevêque de 1378 à 1427.
A l’intérieur, les voûtes de la nef sont couvertes de croisées d’ogives, alors que les voûtes des bas-côtéssont en berceau longitudinal. Ainsi son architecture romano-lombarde est également marquée par deséléments de tradition gothique. Au XVe siècle, Louis XI très dévot à Notre-Dame du Réal, lègue une somme conséquente pour laconstruction du « grand orgue » de la cathédrale. Sur l’un des piliers une fresque a été découverte en 1937 et restaurée en 1969, elle aurait été réalisée dansles années 1450 par des artistes d’Italie du nord. Elle représente une des scènes de la Passion: la Flagellation du Christ. Dans le choeur, des stalles du XVe siècle accueillaient le chapitre des chanoines pour les messes. Elles sontornées sur les panneaux latéraux d’un décor gothique flamboyant. En 1483, le pape Sixte IV crée pour le roiLouis XI et ses successeurs le titre le protochanoine du chapitre et de la cathédrale. De ce faite la premièrestalle de gauche lui est destinée.Dans la chapelle sainte Anne, jouxtant côté sud de la cathédrale, est exposé le trésor de la cathédraled’Embrun présentant des vêtements sacerdotaux, des pièces d’orfèvrerie, des manuscrits ou encore destableaux.
Dans son roman, « Le temps des cerises », Clovis Hugues (1851-1907) place son récit à Embrun. Lesprotagonistes visitent la cathédrale Notre-Dame du Réal…{« Dès l’après-midi, les voilà, visitant avec elle les principales curiosités d’Embrun. Ce fut d’abord lacathédrale, célèbre par les libéralités de Louis XI à la N-D miraculeuse dont il était le chanoine : l’orgue suspendu dans le vide, sur un seul pilier comme un essaim à la branche, et la grille en fers de lance, devantle maître-autel, dans le reflet des vitraux. Ils admirèrent ces deux merveilles, non sans être longtempsarrêtés sous le péristyle, entre les lions accroupis sous les deux colonnes, devant la haute porte où la muledu terrible Lesdiguières scella d’une ruade, au dire de la légende, deux de ses fers détachés brusquement etqu’on y voit encore. (…) les trois amis revinrent dans l’enceinte de la cathédrale. C’était l’heure où, dans lasaison d’été, la rosace projette au milieu du choeur une ineffable lumière d’apothéose, pan d’azur etlambeau de soleil, où le bleu, le rose et le vieil or se mêlent, se marient, se confondent, pour s’harmonisercomme en une mystique symphonie de rayons et de couleurs qui lentement, par degrés, ainsi qu’un chantqui s’éloigne, expire aux marches de l’autel. Ils regardèrent éblouis. »